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Mérites et limites d’une « révolution » pragmatique

Beaucoup de chefs d’entreprise de l’agro-industrie ne vous le diront pas, mais ils reconnaissent en privé que leurs affaires n’ont jamais été aussi florissantes que depuis l’accession au pouvoir d’Evo Morales [en 2006]. »M. Isidoro Barrientos Flores, président du syndicat des petits producteurs agricoles de l’Oriente et proche du président bolivien, poursuit : « Le gouvernement a dû conclure un pacte avec le secteur agro-industriel de Santa Cruz [la riche capitale économique] à la suite de sa tentative de coup d’État, en 2008, lorsque la région a menacé de faire sécession. C’est l’une des raisons pour lesquelles les structures néolibérales se maintiennent dans le pays. »

Ces propos de M. Barrientos Flores illustrent la voie politique suivie par M. Morales. D’un côté, un objectif de redistribution des richesses par le biais d’un renforcement de la demande et du marché intérieur (lire « La gauche bolivienne a-t-elle enfanté ses fossoyeurs ? »). De l’autre, la volonté de ne pas susciter l’opposition d’acteurs économiques capables de menacer la stabilité du pays.

Une telle stratégie n’est possible que si l’accroissement de la richesse nationale permet à toutes les franges de la population de s’élever, bien que dans des proportions diverses. Cela a été le cas en Bolivie au cours des dernières années, ce qui contribue à expliquer la longévité au pouvoir de M. Morales, élu en 2006 et réélu deux fois depuis.

Emprunter une telle voie limite néanmoins certaines ambitions, comme les objectifs de justice sociale proclamés à l’origine par le premier président indigène d’Amérique latine et par son vice-président, l’intellectuel Àlvaro García Linera. Ce dernier plaide que la politique menée concourt à une « révolution marxiste »,avant d’ajouter que ce processus de changement doit être « progressif et méthodique, afin de garantir son succès et sa pérennité ». Certains critiques estiment toutefois qu’après treize années de mise en œuvre, cette « révolution » frappe surtout par un pragmatisme qui perpétue l’ordre des choses (...)


https://www.monde-diplomatique.fr/2019/09/MARIETTE/60321

© Delphine Blast / Hans Lucas

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